Quelles ont été vos inspirations pour le concept scénographique de cette édition ?
Mes inspirations vont bien au-delà de l’architecture et du design. Elles se sont nourries de l’idée que la matière est le manifeste premier de toute création. J’ai voulu en faire le cœur battant de la scénographie, d’où la conception de la mathériauthèque comme une maison centrale, véritable matrice du projet. Autour de ce cœur, l’ensemble a été pensé avec une dimension volontairement gigantesque et théâtralisée : un dispositif scénographique qui ne se contente pas de montrer, mais qui met en scène la matière et l’artisanat comme des acteurs principaux. Les volumes, les perspectives et les circulations ont été amplifiés pour créer une expérience qui impressionne autant qu’elle inspire. Les stands, quant à eux, ont été conçus comme des capsules personnelles pour chaque exposant, mais reliés entre eux par un fil narratif continu, offrant au visiteur un parcours immersif et cohérent. Ce cheminement permet au regard de tout embrasser, de façon posée, et toujours en interaction directe avec les artisans et les créateurs. Cette scénographie est donc une expérience sensorielle et théâtrale : elle célèbre la matière brute, sublime les savoir-faire, et donne à voir l’artisanat sous une forme spectaculaire, à la hauteur de son importance dans la création.
Sur ce type de projet événementiel, quelle est votre approche de la matière ?
La matière est pour moi la source première de toute création, elle est à la fois point de départ et moteur. Elle n’est pas seulement un support ou un matériau de construction, mais un élément vivant qui donne une âme et une dimension sensible à l’espace. Dans un projet événementiel, j’aborde la matière comme un langage : elle raconte une histoire, traduit une intention et crée une émotion immédiate. Mon objectif est de la révéler dans toute sa force, de la mettre au centre du dispositif afin qu’elle devienne protagoniste et non simple décor. Chaque choix de texture, de densité, de lumière appliquée à la matière participe à donner vie à la scénographie et à construire un dialogue direct entre le visiteur, l’artisanat et le geste créatif. C’est cette relation charnelle à la matière qui transforme un espace en une véritable expérience immersive.
Cette année vous avez travaillé sur une matériauthèque immersive, quelle est votre lecture de cet espace au sein du salon ?
La matériauthèque est pour moi le cœur battant du projet, le segment central qui structure toute la scénographie. Elle a été pensée comme une maison symbolique, un espace manifeste qui célèbre la matière dans son état le plus pur et qui lui rend une place centrale. Cet espace ne se limite pas à une présentation fonctionnelle : il agit comme une ancre immersive qui attire le regard, provoque la curiosité et apporte une intensité particulière à la visite. Il crée une dramaturgie, presque un souffle, autour duquel les exposants viennent trouver leur place. La matériauthèque est aussi un lieu de convergence et de lien : elle relie chaque exposant en offrant un fil conducteur, un point d’équilibre qui rend le parcours cohérent et lisible. C’est le pivot de la scénographie, un espace qui permet à la fois de valoriser l’artisanat, de magnifier la matière et de donner à l’ensemble une véritable dimension collective. •
photos : Pauline Leprince © Nikolaz Le Coq • Scénographie des rendez-vous de la matière, Pauline Leprince © Alexis Armanet